Recruter au Royaume-Uni – par Laurence Parry
1. Quelles sont les étapes pour recruter au Royaume-Uni pour une société française ?
Laurence : Ce sont les mêmes étapes pour les sociétés anglaises et françaises. L’entreprise doit commencer par rédiger une offre et doit spécifier quelles sont les tâches souhaitées en étant le plus précis possible.
Les sociétés françaises mettent beaucoup l’accent sur les diplômes et les études alors qu’en Grande-Bretagne on va plutôt se baser sur les compétences. On le remarque dans les emplois tels qu’en logistique ou en comptabilité. Par exemple, en France, les professionnels de la logistique auront en général une formation propre à l’industrie, tandis qu’au RU, les personnes travaillant en logistique ont plus souvent une expérience terrain, puis éventuellement décident de passer un diplôme professionnel en supply chain. Ceci explique pourquoi l’employeur devrait être ouvert sur les profils des candidats et mettre en avant les expériences plutôt que d’exiger un diplôme.
Il est préférable pour une société qui ne connait pas le marché anglais de passer par un professionnel du recrutement, qui là pourra conseiller sur les profils, les salaires, les processes. L’agence pourra poster les offres d’emplois sur différentes plateformes de recherche d’emploi, les job boards, il y aura une présélection faite par rapport aux attentes de l’entreprise, l’agence fera passer le premier entretien et enverra ensuite les CVs des candidats sélectionnés à l’entreprise qui pourra alors organiser un déplacement pour une sélection finale. C’est un gain de temps important pendant la période de recrutement pour l’entreprise qui recrute. L’agence effectuera également les négociations salariales.
2. Quels conseils donneriez-vous aux sociétés françaises pour recruter au Royaume-Uni ?
Laurence : Il est préférable d’établir un contrat de travail de droit local, car les taxes françaises sont plus onéreuses qu’au Royaume-Uni, les charges patronales y étant de 13.8%. Le site acas.org.uk donne toutes les informations sur la façon de rédiger un contrat de travail au Royaume-Uni.
Les entreprises peuvent ensuite recourir au portage salarial, qui va être l’intermédiaire pour les salaires locaux, ou alors passer par une création de filiale.
Légalement, il faut savoir que les congés payés au RU sont de 20 jours minimum + 8 jours fériés (bank holidays) mais la moyenne est plutôt entre 23 et 25 jours par an + les jours fériés.
En ce qui concerne le salaire, une agence de recrutement pourra conseiller l’entreprise sur les rémunérations du marché, sinon il y a des outils Internet permettant de se faire une idée sur celles-ci. Le salaire s’adapte aussi en fonction de la région : un salaire à Londres ne sera pas le même qu’un salaire dans une autre ville du Royaume-Uni. Il faut également penser à certains coûts supplémentaires tels qu’une voiture de fonction pour un commercial et la contribution retraite obligatoire. Tous les avantages ne sont pas taxés de la même façon, aussi, il est préférable de demander conseil à un cabinet comptable ou juridique.
Le diplôme obtenu a un impact au Royaume-Uni, cependant le niveau est différent comparé à la France. Peu de personnes ont un bac +5, ils ont plutôt bac +3 et trouvent facilement un travail après. Certains métiers demandent un bac +5 mais ils restent rares. Les Français n’ont donc pas forcément d’avantage à avoir un bac +5, leur réel avantage est la langue car il est plus facile de trouver un Français parlant couramment anglais plutôt qu’un Anglais parlant couramment français. Le nombre d’années d’études sur une recherche de poste ne sera donc pas demandé, on demandera plutôt un niveau du type Educated to Master level ou alors Degree level.
Dans la description de poste, il faut également faire attention à ne pas utiliser certains adjectifs comme « dynamique » (qui peut signifier «jeune»), car cela pourrait être discriminatoire. On peut cependant demander par exemple French native level en niveau de langue, mais il faut savoir que cela n’exclut pas les accents.
Enfin pour le droit social, il faut encore une fois se référer au site Acas, se rapprocher d’un cabinet comptable ou juridique pour les informations pertinentes, même si une fiche de paye est beaucoup plus simple qu’en France.
3. Quelles sont les conséquences actuellement du Brexit sur le recrutement des sociétés françaises au Royaume-Uni ?
Laurence : Les sociétés françaises continuent à se développer au RU, et nous n’avons pas vraiment vu de ralentissements au cours des 3 dernières années. Le réel problème est de trouver des candidats compétents.
Un des problèmes qui ralentit le recrutement dans les sociétés françaises au Royaume-Uni qui souhaitent employer des francophones est la mauvaise communication sur le Brexit. Le Brexit a freiné l’arrivée des Européens et notamment des Français qui pensent qu’ils vont être mal accueillis, qui ne savent pas quel sera leur statut juridique, s’ils ont déjà besoin d’un visa ou pas… Beaucoup d’Européens sont partis, la livre sterling est basse donc il vaut mieux travailler dans un pays avec l’Euro, mais les Français sont surtout rentrés à cause de la peur de ne pas trouver un travail convenable et la peur de l’engagement. Cela fait environ 3 ans que moins de candidats arrivent.
La réalité est qu’il y a un nombre certain d’entreprises qui recherchent des francophones car c’est important d’avoir un interlocuteur qui peut communiquer en français par exemple pour les relations avec les sièges sociaux en France, ou pour le développement commercial des entreprises britanniques dans les pays francophones.
Lorsqu’il n’y aura plus de free mouvement, cela amènera certaines restrictions, le gouvernement britannique a publié un « white paper » l’année dernière qui propose des conditions pour l’accueil de travailleurs étrangers (il n’y aurait plus de différences entre les demandeurs Européens et ceux du reste du monde) : le candidat devra avoir au moins le bac, ainsi qu’un certain âge, les employeurs devront demander une licence à renouveler tous les ans et les frais de visa seront potentiellement importants. Il y a aussi la proposition d’un visa temporaire d’un an mais qui n’ouvrira pas de droits au pre-settlement visa, qui obligera ses détenteurs à retourner dans leur pays d’origine à la fin du visa, et ils n’auront pas le droit de revenir au Royaume-Uni pour travailler pendant au moins deux ans, ceci ne serait pas mis en place avant fin 2020.
Une réelle conséquence sur notre marché est le fait que les recrutements sont plus longs, les personnes compétentes deviennent plus compliquées à trouver, et il y a donc moins de choix sur les profils recherchés.
Depuis 10 ans, Laurence Parry est directrice de French Resources, cabinet indépendant spécialisé dans le recrutement bilingue, où les consultants ont plus de 25 ans d’expérience en ressources humaines en Grande-Bretagne. French Resources assiste également les entreprises qui n’ont pas besoin de recruter de candidats francophones.
Contactez Laurence Parry par mail : laurence@french-resources.co.uk, téléphone : 08455191945 ou via son site Internet https://www.french-resources.co.uk/.
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